Monday, July 2, 2007

Les jeunes sikhs abandonnent le turban

La Presse

«Nous sommes une minorité doublement visible. À cause de notre couleur de peau, mais aussi de notre turban, lance Baljit S. Chadha, président de Balcorp International. Pour les plus jeunes, cela rend l'intégration doublement plus difficile.»

Selon M. Chadha, cela explique - en partie - pourquoi de plus en plus de jeunes sikhs laissent tomber le turban. Ce geste leur permet d'éviter le rejet et de mieux «gérer» les pressions extérieures dans la société d'accueil. Bref, ils veulent «fitter».

Dans la communauté sikhe de Montréal, la question de la «déturbanisation» est très présente. Le fils de 21 ans de M. Chadha porte toujours le turban. Mais s'il exprimait son désir de l'abandonner, qui pourrait l'en empêcher ?

«Nous avons éduqué nos enfants en les informant sur le sikhisme. Et nous espérons qu'ils vont maintenir cette tradition. Mais s'ils veulent en sortir, nous ne les arrêterons pas. Peut-être sommes-nous plus libéraux que d'autres...»

Selon les estimations de M. Chadha, seulement 25 % des sikhs montréalais porteraient le turban. Ce sont les plus traditionalistes.

Cette tendance n'est pas seulement mue par un désir d'intégration. Elle participe d'un phénomène générationnel autrement plus vaste, croit M. Chadha.

Fait intéressant : même en Inde, le phénomène prend de l'ampleur. Selon un récent article du New York Times, 40 % des hommes sikhs ne porteraient plus le turban, comparativement à 10 % il y a 50 ans. Pour contrer cette désaffection - et rallumer la flamme sikhe - certains promoteurs organisent désormais des concours de beauté pour turbans. Un événement semblable s'est même tenu il y a trois semaines dans la Gurdwara de LaSalle.

Pourra-t-on jamais renverser la tendance?

«C'est préoccupant, mais il ne faut pas s'alarmer, précise M. Chadha. Il y a toujours un moment où les jeunes reviennent vers la spiritualité».

http://www.cyberpresse.ca/article/20070629/CPACTUEL/706290680/6686/CPACTUEL