Le jeudi 09 août 2007
André Noël
La Presse
Le corps d'un ouvrier agricole mexicain a été retrouvé, une coupure dans le cou, au fond d'un bassin de rétention d'une ferme maraîchère de Saint-Rémi, au sud de Montréal, mardi matin. Le ministère des Affaires étrangères du Mexique a appris la nouvelle à sa femme en fin d'après-midi hier. «On ne m'a pas précisé les circonstances du décès», a-t-elle dit, jointe chez elle à Santa Maria Jajalpa, près de Mexico.
La Sûreté du Québec croit qu'il s'agit d'un suicide, mais le pathologiste n'avait toujours pas remis son rapport, hier. L'homme de 42 ans, père de trois enfants, avait déjà fait une tentative de suicide l'été dernier, à la même ferme, G. Riendeau et Fils. D'autres tentatives de suicide sont déjà survenues parmi des travailleurs et des travailleuses agricoles migrants dans des fermes québécoises.Un employé mexicain de la ferme Riendeau a été réveillé par du bruit dans le dortoir peu après minuit. Il a constaté l'absence de l'ouvrier dans sa chambre et a vu du sang dans la salle de bains. Les travailleurs l'ont cherché, en vain, puis ont alerté le propriétaire, qui a contacté la police.
Des agents du poste de la SQ à Napierville sont arrivés sur les lieux vers 5h du matin, a indiqué le sergent Benoit Perras. Ils ont fait venir un maître-chien; l'animal les a dirigés vers le bassin de rétention, situé près du dortoir. Des plongeurs se sont présentés en fin de matinée et ont découvert le corps. L'homme avait une entaille à la gorge, provoquée par la lame d'un couteau.
«Les circonstances du décès sont étranges, a dit Agustin Figueroa, coordonnateur du Centre d'appui aux travailleurs agricoles migrants. Mais surtout, je me demande pourquoi cet homme s'est retrouvé sur la même ferme alors qu'il y avait fait une tentative de suicide l'année dernière.»
L'homme avait été hospitalisé en juillet 2006 à l'hôpital Anna-Laberge de Châteauguay. Il affirmait qu'il était ostracisé par ses collègues de travail. Fernando Borja, agent de liaison au consulat du Mexique à Montréal, a dit que, depuis cet incident, il était vu par un médecin au Canada. «Nous avons suivi les indications du médecin», a-t-il dit. Il a ajouté que le corps, ou les cendres selon la volonté de la famille, serait rapatrié au Mexique.
Un prêtre du diocèse de Valleyfield a rencontré les travailleurs de la ferme Riendeau mardi. Ces derniers avaient peur de parler lorsqu'un journaliste de La Presse est allé les rencontrer dans un champ. Ils ont dit qu'ils avaient reçu l'ordre de se taire. Une contremaîtresse a répété ces directives en notre présence. Il a été impossible de parler au propriétaire de la ferme, Daniel Riendeau.
La veuve du travailleur agricole a dit que son mari lui avait téléphoné pour la dernière fois jeudi dernier. Il lui a envoyé 2000$, provenant selon toute vraisemblance d'un chèque de prestation parentale. Le dernier enfant du couple est né en février 2006. Les travailleurs migrants ont droit aux prestations parentales du gouvernement canadien.
http://www.cyberpresse.ca/article/20070809/CPACTUALITES/708090434