Friday, December 14, 2007

Réfugié depuis 750 jours dans un presbytère

Une centaine de manifestants ont demandé hier à la ministre de l'Immigration, Diane Finley, d'accorder le statut de résidant permanent à Abdelkader Belaouni, réfugié depuis plus de deux ans dans un sanctuaire de Montréal. Partis du carré Philips, les manifestants ont circulé dans les corridors marchands du Montréal souterrain, entre quelques clients attablés et d'autres passants intrigués.
Photo: Jacques Nadeau

Guillaume Bourgault-Côté

Des sympathisants demandent à la ministre de l'Immigration de faire preuve d'humanité

Sept cent cinquante jours plus tard, l'Algérien Abdelkader Belaouni reste dans l'incertitude la plus totale quant à son avenir. Aveugle et diabétique, cet homme, réfugié depuis plus de deux ans dans un sanctuaire de Montréal, attend toujours un signe de la part du ministère de l'Immigration dans l'espoir de régulariser sa situation.

Mais ce signe ne vient pas, ont dénoncé hier une centaine de manifestants réunis à Montréal. Seule la ministre Diane Finley a la prérogative d'accorder à M. Belaouni le statut de résidant permanent pour motifs humanitaires. Sinon, le réfugié a épuisé tous les recours possibles pour éviter l'expulsion vers les États-Unis et, ultimement, l'Algérie.

M. Belaouni, de confession musulmane, s'est réfugié le 1er janvier 2006 au presbytère de l'église Saint-Gabriel, dans le quartier Pointe-Saint-Charles. Depuis, confiné, l'homme attend. A ce jour, il a reçu l'appui de plus de 500 personnes et 71 organismes, dont la Ligue des droits et libertés et Amnesty International. Ils ont tous écrit à la ministre Finley pour lui demander d'agir.

«Un peu d'humanité et d'ouverture de la part de Mme Finley pourrait faire la différence», a affirmé Thomas Mulcair, député néo-démocrate d'Outremont, qui était présent à la manifestation d'hier. «C'est gênant de penser qu'au XXIe siècle, on soit obligé de protéger une personne aveugle dans un sanctuaire pour lui éviter la déportation.» Depuis deux ans, les responsables du dossier de l'immigration des trois partis d'opposition à Ottawa ont tous demandé à Mme Finley de redonner sa liberté à M. Belaouni, mais sans succès.

Au Canada depuis 2003

Abdelkader Belaouni est arrivé au Canada en mars 2003 après un séjour de six ans aux États-Unis. Il affirme avoir fui l'Algérie pour ne pas avoir à collaborer avec des groupes armés impliqués dans la guerre civile. Sa demande d'obtention du statut de réfugié a été rejetée par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié en janvier 2004.

Ce refus était basé sur des contradictions apparentes entre deux déclarations faites par M. Belaouni. De même, ses demandes d'examen des risques avant renvoi ont été refusées au motif qu'il n'a pas de famille au Canada et qu'il n'a pas réussi à trouver un emploi pendant les premiers mois qu'il a passés ici (M. Belaouni a toutefois fait du bénévolat pour divers organismes).

«On demande que la ministre respecte l'esprit de la Loi de l'immigration au lieu de l'appliquer à la lettre», a lancé le père James McDonald, qui accueille le réfugié dans son presbytère.

http://www.ledevoir.com/2008/01/19/172468.html