
Photo: Jacques Nadeau
Des sympathisants demandent à la ministre de l'Immigration de faire preuve d'humanité
Sept cent cinquante jours plus tard, l'Algérien Abdelkader Belaouni reste dans l'incertitude la plus totale quant à son avenir. Aveugle etdiabétique, cet homme, réfugié depuis plus de deux ans dans un sanctuaire de Montréal, attend toujours un signe de la part du ministère del'Immigration dans l'espoir de régulariser sa situation.
Mais ce signe ne vient pas, ont dénoncé hier une centaine de manifestantsréunis à Montréal. Seule la ministre Diane Finley a la prérogatived'accorder à M. Belaouni le statut de résidant permanent pour motifshumanitaires. Sinon, le réfugié a épuisé tous les recours possibles pour éviter l'expulsion vers les États-Unis et, ultimement, l'Algérie.
M. Belaouni, de confession musulmane, s'est réfugié le 1er janvier 2006 aupresbytère de l'église Saint-Gabriel, dans le quartierPointe-Saint-Charles. Depuis, confiné, l'homme attend. A ce jour, il areçu l'appui de plus de 500 personnes et 71 organismes, dont la Ligue desdroits et libertés et Amnesty International. Ils ont tous écrit à laministre Finley pour lui demander d'agir.
«Un peu d'humanité et d'ouverture de la part de Mme Finley pourrait fairela différence», a affirmé Thomas Mulcair, député néo-démocrated'Outremont, qui était présent à la manifestation d'hier. «C'est gênant depenser qu'au XXIe siècle, on soit obligé de protéger une personne aveugledans un sanctuaire pour lui éviter la déportation.» Depuis deux ans, lesresponsables du dossier de l'immigration des trois partis d'opposition àOttawa ont tous demandé à Mme Finley de redonner sa liberté à M. Belaouni,mais sans succès.
Au Canada depuis 2003
Abdelkader Belaouni est arrivé au Canada en mars 2003 après un séjour desix ans aux États-Unis. Il affirme avoir fui l'Algérie pour ne pas avoir àcollaborer avec des groupes armés impliqués dans la guerre civile. Sademande d'obtention du statut de réfugié a été rejetée par la Commissionde l'immigration et du statut de réfugié en janvier 2004.
Ce refus était basé sur des contradictions apparentes entre deuxdéclarations faites par M. Belaouni. De même, ses demandes d'examen desrisques avant renvoi ont été refusées au motif qu'il n'a pas de famille auCanada et qu'il n'a pas réussi à trouver un emploi pendant les premiersmois qu'il a passés ici (M. Belaouni a toutefois fait du bénévolat pourdivers organismes).
«On demande que la ministre respecte l'esprit de la Loi de l'immigrationau lieu de l'appliquer à la lettre», a lancé le père James McDonald, quiaccueille le réfugié dans son presbytère.
http://www.ledevoir.com/2008/01/19/172468.html