Friday, December 7, 2007

Traite de personne: la Couronne retire ses accusations

Accusé à tort de traite de personne, un couple lavallois exige maintenant des excuses. Dans l'ordre, Nichan Manoukian, son épouse Manoudshag Sariboyajian et leur fille Arvine Manoukian. (Photo Robert Mailloux, La Presse)
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Accusé à tort de traite de personne, un couple lavallois exige maintenant des excuses. Dans l'ordre, Nichan Manoukian, son épouse Manoudshag Sariboyajian et leur fille Arvine Manoukian.
Photo Robert Mailloux, La Presse

Hugo Fontaine

La Presse

La Couronne abandonne les poursuites contre un couple lavallois accusé d'avoir maintenu une aide domestique dans des conditions d'esclavage. Le couple accuse à son tour la GRC d'avoir mal enquêté et lui demande des excuses.

Quand Nichan Manoukian et Manoudshag Sariboyajian ont été accusés de traite de personne, en mai dernier, l'histoire a fait grand bruit dans les médias. Hier, c'était le grand soulagement pour eux et leurs quatre enfants, le tout mêlé à la frustration d'avoir été l'objet de fausses accusations. La Presse a rencontré le couple et sa fille Arvine chez son avocat. «Nous étions persuadés que la vérité apparaîtrait», a soutenu Arvine Manoukian, 21 ans, avant de commencer à raconter l'histoire qui a les a conduits dans ce bureau d'avocat.

M. Manoukian a engagé une aide domestique d'origine éthiopienne en 1997, alors que la famille vivait au Liban. «Presque tout le monde au Liban a des servantes, a-t-il assuré. J'ai payé 3500$ à une agence.»

«Un membre de la famille»

«Elle travaillait comme servante, mais on la traitait comme un membre de la famille», a soutenu pour sa part Arvine Manoukian.

Selon la jeune femme, la servante a eu des vacances après trois ans de contrat. «Elle est retournée chez elle, et elle est revenue plus tôt que prévu avec des cadeaux pour nous.»

La famille Manoukian a emménagé au Canada en août 2004. Depuis, M. Manoukian a entrepris des démarches pour régulariser le statut de la servante.

Entre-temps, assure la famille, la femme était tout à fait libre de ses déplacements. Elle travaillait même dans d'autres familles pour gagner un peu plus d'argent.

Au tournant de l'année 2006, Mme Sariboyajian a reçu un appel à l'intention de la servante, puis un second, de la part d'une dame originaire d'Éthiopie. Quand l'interlocutrice aurait demandé à Mme Sariboyajian si la servante pouvait aller passer quelques jours chez elle, Mme Sariboyajian et son mari ont refusé, car ils ne la connaissaient pas. Quelques jours plus tard, en janvier 2006, la GRC se présentait chez les Manoukian, à Laval, et emmenait la servante.

Depuis ce temps, les Manoukian n'ont pas eu de contacts avec la femme qui a partagé huit années de leur vie. «Elle n'a jamais voulu partir de chez nous, soutient M. Manoukian. Nous l'aimons et elle nous aime.»

Selon lui, il est clair que celle qu'il appelle encore «notre fille» a été victime d'une mauvaise influence et qu'elle a menti. «Elle nous a trahis», dit-il.

Une grande page d'excuses

Avant de tourner la page, la famille réclame des excuses de la GRC. Des excuses «sur une pleine page», demande M. Manoukian, afin que la même importance médiatique soit accordée aux accusations et aux excuses.

«La GRC a mal enquêté dès le début, dénonce M. Manoukian. Ils avaient leurs réponses dans le dossier avant même d'entrer chez nous. Je veux que la GRC emploie des professionnels pour enquêter, pas des amateurs.»

L'avocat Frank Pappas était encore abasourdi par l'enquête de la GRC. «Ils auraient dû au moins aller voir les voisins!»

http://www.cyberpresse.ca/article/20071207/CPACTUALITES/712070809/5358/CPPRESSE