Sunday, November 11, 2007

Manifestation contre la détention des immigrés

Catherine Handfield

La Presse

«Vous êtes détenus et nous sommes contre ça. Aujourd'hui, nous ne sommes pas capables de vous libérer. Mais un jour, nous pourrons vous libérer.»

Le militant Jaggi Singh a voulu lancer un message d'espoir, hier. Armé d'un micro branché à deux immenses haut-parleurs, il s'est adressé aux immigrés détenus au Centre de prévention de l'immigration de Laval. Là même où l'imam Saïd Jaziri a été détenu avant son expulsion en Tunisie, le mois dernier.

Une soixantaine de militants

Une soixantaine de militants s'y étaient donné rendez-vous en début d'après-midi. Le but de l'action: exiger la fin de la détention des immigrés, la libre circulation des personnes et un statut pour tous.

Le plan initial était de camper dans le stationnement jusqu'à ce matin mais, au moment de mettre sous presse, le groupe ne savait toujours pas s'il allait passer la nuit sur place. «Quand nous sommes arrivés, les policiers avaient déjà érigé un périmètre de sécurité devant le stationnement», a dit Poya Saffari, du groupe Solidarité sans frontières.

Les militants bien emmitouflés sont donc restés en bordure de la montée Saint-François, à 50 mètres du Centre. Les policiers leur ont interdit de faire des feux et de monter leurs tentes. Un froid mordant était également de la partie.

Le groupe a tout de même pu entrer en contact avec six «détenus préventifs», hier. Jaggi Singh leur avait transmis un numéro de cellulaire à l'aide des haut-parleurs. Ils ont téléphoné dès qu'ils ont été autorisés à le faire.

Le Polonais Pierre Kodecki a sauté sur l'occasion. L'homme de 54 ans est au Centre depuis lundi et devra y rester pour au moins 10 jours encore. Il affirme avoir omis de signaler un changement d'adresse le mois dernier. «On ne peut pas enfermer quelqu'un comme ça pour une simple erreur administrative, a-t-il rugi. C'est un crime.»


Un geste de solidarité


L'action d'hier était organisée par plusieurs groupes de défense des droits des immigrés. Il s'agissait d'un geste de solidarité avec des centaines de Mexicains qui, depuis cinq jours, campent à Calexico, au Mexique, à la frontière des États-Unis, pour demander la libre circulation entre les deux pays.

«Les réfugiés se sauvent des conditions que nous, les pays occidentaux, avons créées en exploitant leur économie. Et qu'est-ce que nous faisons? Nous les expulsons quand ils viennent ici. C'est vraiment sale», s'est désolée la militante Maude Prud'homme.

Le Canada a renvoyé 12 617 personnes l'année dernière, selon le rapport annuel de l'Agence des services frontaliers. Il s'agit d'une forte augmentation depuis 2001, alors qu'il y avait eu 9165 renvois.

Au Centre de prévention de l'immigration de Laval, «les immigrants sont détenus à titre préventif pour identifier, protéger la santé et la sécurité du public ou pallier à un risque de fuite», a expliqué hier Érik Paradis, porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada. Une trentaine de personnes y étaient détenues, hier.

http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/711110449/5358/CPPRESSE