Thursday, October 11, 2007

La laïcité, le nouvel intégrisme?

Tommy Chouinard

La Presse

Québec

La laïcité ne doit pas devenir un nouvel «intégrisme religieux» et entraîner l'élimination de tous les symboles catholiques dans les espaces publics, estime Mario Dumont. Le chef de l'ADQ juge que le crucifix doit rester à l'Assemblée nationale et que la prière doit toujours être permise dans les conseils municipaux. Ils font partie, selon lui, de l'identité du peuple québécois.















«Autant je plaide la séparation de l'Église et de l'État, autant la laïcité ne doit pas non plus devenir une religion d'intégristes qui nous fassent disparaître tous les symboles de ce qu'on est et de notre histoire», a-t-il lancé en conférence de presse, hier.

Selon un sondage SOM-La Presse-Le Soleil publié hier, les Québécois tiennent à ce que les symboles du catholicisme demeurent dans les espaces publics. Près de 70% s'opposeraient à ce que le crucifix soit retiré de l'Assemblée nationale, et 52% refuseraient que la prière soit interdite dans les conseils municipaux.

Or, les Québécois s'opposent à ce que des symboles d'autres religions prennent place dans les espaces publics. Ils s'opposent fermement à tous les accommodements consentis aux minorités religieuses.

«Il y a une volonté des Québécois de préserver leur identité, a affirmé Mario Dumont en guise d'explication de ces résultats. Il y a une volonté de tirer un trait lorsque les accommodements viennent carrément à l'encontre de nos valeurs communes.»

Mario Dumont s'oppose à la création d'une charte de la laïcité tel que proposée par la CSN. La centrale syndicale souhaiterait que les enseignants et le personnel du réseau scolaire affichent une neutralité complète en matière de religion. «J'ai vu souvent des promoteurs. Quand ils se mettent à en parler, la laïcité est présentée comme un nouvel intégrisme religieux, plus religieux qu'anti-religieux», a-t-il affirmé.

L'ADQ préconise plutôt l'adoption d'une Constitution dans laquelle seraient enchâssées les valeurs communes des Québécois.

Après avoir fait ses choux gras du dossier des accommodements raisonnables, le parti de Mario Dumont a décidé de ne pas déposer de mémoire à la commission Bouchard-Taylor. «Je pense qu'on a eu l'occasion de s'exprimer très, très largement comme parti politique là-dessus, a affirmé M. Dumont. On se place plus du côté de ceux qui vont recevoir le rapport que dans ceux qui doivent l'écrire.»