Tuesday, October 9, 2007

Les faux réfugiés affluent

Mathieu Boivin
Le Journal de Montréal
05/10/2007

EXCLUSIF - Les faux réfugiés affluent
L’afflux grandissant des demandeurs d’asile, qu’ils se présentent à la douane avec une demande de statut de réfugié ou encore qu’ils soient carrément des immigrants illégaux, oblige Emploi Québec à établir une procédure de traitement accélérée pour leur offrir les services auxquels ils ont droit.
Photo Pablo Durant


Depuis plusieurs mois, de plus en plus d'«illégaux» mexicains et haïtiens fuient la répression américaine et réclament le statut de réfugié au Canada. Et même si la plupart d'entre eux ne seront pas acceptés, on leur verse presque automatiquement de l'aide sociale.

En vertu des accords internationaux, les demandeurs d'asile - comme on les appelle officiellement - ont droit à du soutien financier pendant que le gouvernement canadien étudie leur dossier, ce qui prend en moyenne 14 mois. Ceux qui s'installent au Québec sont donc dirigés vers les programmes d'aide sociale d'Emploi Québec.

«Il y a un «tsunami» de demandeurs d'asile qui arrivent presque tous des États-Unis», nous a raconté une personne très au fait de la situation au Centre des demandeurs d'asile d'Emploi Québec, à Montréal. «Depuis deux mois, on ne fait que du traitement administratif, ça veut dire qu'on ne pose pratiquement plus de questions, ajoute notre informateur.

«On regarde juste s'ils ont rempli le formulaire comme il faut, 'tchikatchik', merci, bonjour.

«On tourne les coins très, très rond. C'est une vraie farce, soutient notre source. Des vrais réfugiés, il y en a très peu là-dedans, on le voit bien quand on parle avec eux. On est rendu des guichets automatiques.»

Emploi Québec a versé 38,8 M$ en aide sociale aux demandeurs d'asile l'an dernier et prévoit débourser 52 M$ cette année. C'est une hausse de 33 %.

«On ne contrôle pas ça»

Claude Morin, porte-parole d'Emploi Québec, constate effectivement une hausse d'environ 30% de la clientèle du Centre de services aux demandeurs d'asile depuis le début de l'année.

«On ne contrôle pas ça. Les demandes d'asile sont de compétence fédérale. Nous, on reçoit ces gens et on leur offre les services auxquels ils ont droit», a-t-il commenté.

M. Morin a également admis qu'une procédure de traitement accéléré avait exceptionnellement été mise en place, au Centre, pour répondre à l'afflux de demandeurs d'asile.

"On applique la règle du dénuement, comme pour les réfugiés libanais l'an dernier, explique-til. On leur accorde tout de suite ce à quoi ils auraient droit comme prestataires, à titre d'aide de dernier recours.

«Par la suite, dans le mois suivant, il y aura une entrevue, poursuit-il. Personne ne va recevoir des prestations de façon régulière sans se qualifier selon nos règles.» M. Morin reconnaît toutefois que très peu de demandeurs d'asile se font refuser l'aide sociale. Ainsi, 86 % des 370 demandeurs d'asile qui ont réclamé de l'aide sociale en juin 2007 en ont obtenu.