Wednesday, October 17, 2007

L'imam Jaziri hospitalisé

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Martin Croteau

La Presse

L'imam Saïd Jaziri a été hospitalisé tard hier soir après avoir entamé une grève de la faim pour contester son arrestation et son expulsion prochaine vers la Tunisie.

L'imam aurait cessé de s'alimenter et de boire depuis plus de 30 heures, selon sa conjointe, Nancy Adams. M. Jaziri devait comparaître ce matin mais l'audience pourrait être reportée à cet après-midi.


À cause de ses opinions


C'est à cause de ses opinons controversées, et non à cause d'un dossier criminel vieux de 17 ans, que Saïd Jaziri estime avoir été emprisonné par les autorités canadiennes.

Arrivé au Canada en 1997, M. Jaziri a fondé la mosquée Al-Qods, dans le quartier Rosemont. Il s'est fait connaître pour ses positions favorables à l'instauration de tribunaux de la charia. En entrevue, il a maintes fois mentionné que l'homosexualité est un péché.

L'Agence canadienne des services frontaliers l'a arrêté lundi lorsqu'il s'est présenté à un rendez-vous de routine. Les autorités l'accusent d'avoir caché l'existence d'un casier judiciaire en France, où il a séjourné avant d'immigrer au Québec.

Joint par téléphone au Centre de prévention de l'immigration de Laval, Saïd Jaziri n'en démord pas: les autorités de l'immigration cherchent un moyen de l'expulser depuis des années. «Le Canada s'acharne sur moi parce que je parle, parce que je m'exprime, proteste-t-il. L'histoire du casier judiciaire date de 17 ans. La France a tout pardonné. J'ai eu un pardon il y a des années.»

L'imam de 40 ans dit qu'il risque la torture s'il est renvoyé dans son pays d'origine. Il rencontrera ce matin un commissaire à l'immigration pour déterminer s'il restera détenu jusqu'à son expulsion. D'ici la fin de la procédure, il entend refuser toute nourriture et toute boisson.

Sa conjointe, Nancy Adams, enceinte et diabétique, avait passé les derniers jours en sa compagnie. Mais elle a dû quitter la prison de l'immigration, souffrant d'un malaise.

Saïd Jaziri ignore à quel moment il doit être expulsé, mais il garde espoir de voir les autorités canadiennes revenir sur leur décision. Il affirme avoir reçu l'appui de dizaines de Québécois, y compris bon nombre de «pure laine».

«C'est une décision politique. Moi, je fais appel à la générosité des Québécois. Jamais je n'ai détesté ce peuple et ce pays. Ma femme est québécoise, j'en suis fier. Mon fils sera québécois, il a le sang du Québec et j'en suis fier.»

http://www.cyberpresse.ca/article/20071017/CPACTUALITES/710170553/5358/CPPRESSE