Friday, February 2, 2007

Étude : Taux de faible revenu chez les immigrants arrivant au Canada

http://www.statcan.ca/Daily/Francais/070130/q070130b.htm
Le mardi 30 janvier 2007

Étude : Taux de faible revenu chez les immigrants arrivant au Canada
De 1992 à 2004

La situation économique des nouveaux immigrants au Canada ne s'est pas améliorée depuis le début du millénaire, même si ceux-ci ont un niveau de scolarité beaucoup plus élevé et que beaucoup plus font partie de la catégorie des immigrants qualifiés que 10 ans auparavant, selon un nouveau rapport.

Cette étude se penche sur le bien-être économique des familles immigrantes et non pas seulement sur celui des personnes. On y évalue leur situation économique depuis 2000, l'étendue du faible revenu «chronique» ainsi que l'incidence des variations observées dans les catégories de niveau de scolarité et de qualifications sur leur bien-être économique depuis 1993.

En 2002, les taux de faible revenu des immigrants au cours de leur première année complète au Canada étaient 3,5 fois plus élevés que ceux des personnes nées au Canada. En 2004, ils avaient légèrement diminué et étaient 3,2 fois plus élevés que ceux des personnes nées au Canada.

Ces taux étaient plus élevés que ceux de n'importe quelle année de la décennie 1990, alors qu'ils étaient environ trois fois plus élevés que les taux des personnes nées au Canada.


Note aux lecteurs

Les données de cette étude sont tirées d'une base de données regroupant la banque de Données administratives longitudinales (DAL) et la Base de données longitudinales sur les immigrants (BDIM). La DAL comprend des données qui proviennent d'un échantillon aléatoire représentant 20 % de tous les déclarants et leurs familles. Les données des personnes sélectionnées pour faire partie de la DAL sont liées chronologiquement afin que l'on puisse établir un profil longitudinal pour chaque personne. La BDIM contient les fiches d'établissement des immigrants ainsi que les renseignements fiscaux annuels des immigrants qui sont arrivés depuis 1980. La base de données DAL-BDIM permet de comparer les données des immigrants connus à celles d'autres déclarants canadiens.

Idéalement, les résultats relatifs aux immigrants seraient comparés à ceux de la population née au Canada. Toutefois, dans la base de données DAL-BDIM, il est impossible de séparer les immigrants qui résident au Canada depuis plus de 10 ans des personnes nées au Canada.

Par conséquent, pour cette étude, un «groupe témoin» constitué des personnes nées au Canada et des immigrants qui résident au Canada depuis plus de 10 ans a été créé. Habituellement, les résultats de ce groupe sur le plan économique ressemblent plus étroitement à ceux des personnes nées au Canada qu'à ceux des nouveaux immigrants. L'étude comprend une comparaison entre les résultats relatifs aux immigrants récents et ceux des personnes du même âge faisant partie du groupe témoin.

Les analyses visent les personnes âgées de 20 ans et plus aux fins du calcul des taux transversaux de faible revenu. Les analyses de faible revenu (l'entrée, la sortie et le taux de faible revenu chronique) ne touchent que les personnes âgées de 25 à 54 ans au moment où elles ont obtenu le droit d'établissement.

Dans cette étude, le faible revenu est défini comme un revenu familial inférieur à 50 % du revenu médian de l'ensemble de la population, corrigé selon la taille de la famille. Le seuil de faible revenu est établi à 26 800 $ (en dollars constants de 2003) pour une famille de quatre personnes.


La hausse du faible revenu est concentrée chez les immigrants qui viennent d'arriver au pays, soit ceux qui s'y trouvent depuis un an ou deux. Ces résultats donnent à penser qu'ils ont plus de difficultés à s'adapter à court terme depuis 2000.

Le repli du secteur de la technologie qui s'est produit après 2000 constitue peut-être une explication. La proportion de nouveaux immigrants dont la profession était dans les domaines de la technologie de l'information et du génie a crû radicalement pendant les années 1990.

Dans l'étude, on constate que, dans l'ensemble, l'importante augmentation du niveau de scolarité des immigrants récents et le passage à la catégorie des immigrants qualifiés n'ont eu que peu d'effet sur leur probabilité d'être dans une situation de faible revenu.

En 1993, le système de sélection des immigrants a été modifié afin d'attirer des immigrants ayant un niveau de scolarité plus élevé ainsi que des immigrants de la catégorie économique «immigrants qualifiés».

Par conséquent, parmi les nouveaux immigrants âgés de 15 ans et plus, la proportion de personnes détenant un grade universitaire est passée de 17 % en 1992 à 45 % en 2004. Par ailleurs, la proportion de personnes de la catégorie économique «immigrants qualifiés» est passée de 29 % à 51 %.

Probabilité d'entrer dans une période de faible revenu et d'en sortir

La probabilité d'entrer dans une période de faible revenu était très élevée pour les immigrants au cours de leur première année au Canada. Elle variait entre 34 % et 46 % selon leur année d'arrivée au Canada.

Toutefois, si les immigrants n'étaient pas entrés dans une période de faible revenu durant leur première année au pays, la probabilité que cela se produise diminuait considérablement, et passait à 10 % ou moins, pour les années subséquentes passées au Canada.

Le résultat a été que, parmi les immigrants qui sont arrivés au Canada au début des années 1990, environ 65 % ont connu une situation de faible revenu à un moment donné au cours des 10 premières années qu'ils ont passées au Canada. Parmi ces immigrants, les deux tiers ont vécu cette situation pendant la première année.

Si les immigrants évitent une situation de faible revenu pendant la première année qu'ils passent entièrement au Canada, leurs chances de ne pas se trouver dans une telle situation sont très bonnes.

Pour nombre de personnes, la première période de faible revenu est assez courte. Entre 34 % et 41 % en sont sortis après une année, selon la cohorte d'arrivée. Environ le tiers de ces immigrants étaient encore dans cette période de faible revenu après trois années. Cependant, même s'ils sortaient d'une période de faible revenu, il leur était possible d'en connaître une autre plus tard.

Au cours des années 1990, en raison de l'augmentation rapide de la part d'immigrants possédant un niveau de scolarité élevé ou appartenant à la catégorie économique «immigrants qualifiés», on aurait pu s'attendre à ce que le risque qu'ils se trouvent dans une situation de faible revenu soit réduit ou que la probabilité de se sortir d'une telle situation soit augmentée. Cela est dû au fait que, traditionnellement, les immigrants les plus instruits et ceux de la catégorie économique se débrouillaient mieux sur le marché de l'emploi.

Toutefois, le rapport montre que ces variations ont eu relativement peu d'effet sur les taux d'entrée et de sortie tout au long des années 1990.

C'était en partie parce qu'il n'y avait qu'une petite différence dans les tendances d'entrée et de sortie entre les immigrants qui sont mieux instruits et ceux dont le niveau de scolarité est plus faible. Qui plus est, au début des années 2000, les immigrants de la catégorie économique des travailleurs qualifiés étaient plus susceptibles d'entrer dans une période de faible revenu que leurs homologues de la catégorie du regroupement familial.

Par exemple, en ce qui concerne les personnes du groupe arrivé en 2003, la probabilité d'entrer dans une période de faible revenu pendant leur première année au Canada était d'environ 2,3 points de pourcentage moins élevée qu'elle ne l'aurait été si les caractéristiques de scolarité et de catégorie des immigrants qui arrivaient n'avaient pas changé.

Par contre, le cycle économique a eu des conséquences beaucoup plus grandes. Le taux d'entrée dans une période de faible revenu est tombé d'environ 11,5 points de pourcentage entre la crête et le creux du cycle.

Près du cinquième des immigrants récents se trouvaient dans une situation de faible revenu chronique

Aux fins de ce rapport, le faible revenu «chronique» est défini comme le fait de se trouver dans une situation de faible revenu durant au moins quatre des cinq premières années passées au Canada.

Dans cette étude, on constate que près d'un immigrant récent sur cinq (18,5 %) arrivé entre 1992 et 2000 s'est trouvé dans une situation de faible revenu pendant au moins quatre des cinq premières années qu'il a passées au Canada. Ce taux est plus de deux fois plus élevé que celui d'environ 8 % observé chez les personnes nées au Canada.

Pour le groupe arrivé en 1993, le taux de faible revenu chronique quinquennal était de 20,5 %. Pour ce qui est des personnes arrivées en 2000, le taux était passé à 16,2 %, au gré de l'amélioration de la situation économique.

Il y a deux raisons possibles pour expliquer ce recul : les caractéristiques relatives au marché du travail plus positives des immigrants arrivés vers la fin des années 1990 et l'amélioration des conditions économiques (le cycle économique). Selon les constatations de l'étude, les caractéristiques des immigrants n'expliquent en rien, pour ainsi dire, l'amélioration observée, dont la plus grande partie était due à la conjoncture économique favorable.

Dans l'ensemble, l'importante augmentation du niveau de scolarité des immigrants qui arrivent et le passage à la catégorie des immigrants qualifiés n'ont eu qu'un très modeste effet sur les résultats obtenus sur le plan de la pauvreté tels que mesurés par la probabilité d'entrer dans une période de faible revenu, d'en sortir et de se trouver en situation de faible revenu chronique.

C'est parce que, au début des années 2000, les personnes appartenant à la catégorie «immigrants qualifiés» qui arrivaient au Canada étaient en fait plus susceptibles d'entrer dans une période de faible revenu et de se trouver dans une situation de faible revenu chronique que leurs homologues de la catégorie du regroupement familial.

En outre, le léger avantage que possédaient les immigrants ayant étudié à l'université sur, par exemple, les arrivants possédant des études secondaires au début des années 1990 était en grande partie disparu en 2000, alors que le nombre d'immigrants très scolarisés avait augmenté.

Les variations des caractéristiques des immigrants arrivant au pays ont effectivement eu une incidence sur la composition du groupe des immigrants se trouvant dans une situation de faible revenu chronique.

Parmi ceux qui sont arrivés en 2000, 52 % des personnes se trouvant dans une situation de faible revenu chronique faisaient partie de la catégorie économique des immigrants qualifiés. Environ 41 % détenaient un grade universitaire, comparativement à 13 % dans le cas de la cohorte de 1993.

Le document de recherche intitulé «Le faible revenu chronique et la dynamique du faible revenu chez les nouveaux immigrants», qui fait partie de la série de documents de recherche de la Direction des études analytiques (11F0019MIF2007294, gratuit), est maintenant accessible dans le module Publications de notre site Web.

Vous trouverez des études connexes de la Division de l'analyse des entreprises et du marché du travail à la section Mise à jour des études analytiques (11-015-XIF, gratuit) de notre site Web.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec René Morissette au 613-951-3608, Division de l'analyse des entreprises et du marché du travail.