Le Journal de Montréal
20/04/2007 05h49
Dans une lettre adressée au Journal de Montréal depuis sa cellule, le terroriste montréalais Ahmed Ressam soutient avoir menti aux agents de renseignement canadiens au sujet d'Adil Charkaoui qu'il affirmait avoir vu dans un camp d'Al-Qaïda en Afghanistan.
«Ce que j'ai dit en 2003 aux enquêteurs du SGRC [SCRS et/ou GRC] n'est pas vrai, écrit Ahmed Ressam. Car j'étais confronté à des circonstances psychologiques difficiles, je ne savais pas ce que je disais.»
Ahmed Ressam soutient avoir menti aux agents de renseignement canadiens.
Ahmed Ressam a été condamné à 22 ans de prison aux États-Unis pour avoir voulu faire sauter l'aéroport de Los Angeles lors du passage à l'an 2000.
Il y a quelques semaines, le représentant du Journal lui avait fait parvenir une missive dans sa prison de très haute sécurité du Colorado pour savoir s'il confirmait ou non ses graves accusations envers Adil Charkaoui.Réponse
Dans sa réponse rédigée en arabe, Ressam justifie cette surprenante volte-face en affirmant qu'à l'époque il avait «subi un dérèglement psychologique et une grande pression». Et aussi «à cause des résultats de la cour» auxquels il ne s'attendait pas, écrit ce prisonnier.
«S'il te plaît, ne tiens pas compte de tout ce que j'ai dit pendant cette période», conclut-il.
Ce serait la première fois que Ressam accepte de se confier à un média depuis son arrestation.
Dans un camp d'Al-Qaïda
Entre autres à la suite des révélations de Ressam, Adil Charkaoui, un professeur de français montréalais d'origine marocaine, a été arrêté dans la métropole en mai 2003, puis détenu pendant vingt et un mois à Rivière-des-Prairies, en vertu d'un certificat de sécurité.
Les autorités l'accusent d'être un agent dormant d'Al-Qaïda, membre du Groupe Islamiste Combattant Marocain (GICM).
Ahmed Ressam l'aurait formellement identifié sur deux photos de filature présentées par des agents du SCRS.
De plus, il aurait avoué aux agents canadiens venus l'interroger dans sa cellule en 2002 (non pas en 2003 comme il l'écrit) que Charkaoui s'était entraîné avec lui dans un camp en Afghanistan pendant l'été 1998.
Toujours selon Ressam, Charkaoui était connu à l'époque sous le pseudonyme de Zubeir el Maghrebi.
Plusieurs Montréalais dénoncés
Charkaoui n'est pas le seul à avoir été dénoncé par Ressam. Risquant jusqu'à 130 ans d'emprisonnement, Ressam se serait mis à collaborer dans l'espoir que sa sentence soit réduite.
Ainsi, en plus de témoigner dans des procès, Ressam aurait livré des renseignements sur une centaine de personnes associées à la nébuleuse mouvance terroriste islamique. Parmi eux figurent plusieurs Montréalais.
Mais en 2003, le bavard a décidé de se taire. Aujourd'hui il parle à nouveau, mais pour blanchir tous ses «amis».
Le pénitencier supermax de Florence abrite plusieurs terroristes, dont Zacharias Moussaoui et Richard Reid.
(Avec la collaboration de Taïeb Moalla)